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Le portrait des Indiens

 

Le tableau que Las Casas dresse des conquistadors et des Amérindiens est manichéen et schématisé entre la bonté naturelle de l’Indien et la cruauté de l’Espagnol. Le terme qui revient le plus à leur égard est « agneau ». Il ne cesse de les comparer à des agneaux « tant doux, ainsi qualifiés et doués ».

 

Dès les premières pages, Las Casas dresse un portrait presque christique des Amérindiens :

 

« Dieu créa tous ces gens infinis, de toute sorte, très simples, sans finesse ou cautèle, sans malice, très obéissants et très fidèles à leurs seigneurs naturels et aux Espagnols auxquels ils servent, fort humbles, fort patients, très pacifiques et paisibles, sans noise et remuements, sans querelles, sans estrifs, sans rancune ou haine, nullement désireux de vengeance. [...] Ce sont aussi des gens très pauvres, qui possèdent peu et qui ne demandent point même avoir beaucoup de biens temporels, et pourtant ne sont-ils point superbes, ambitieux ni convoiteux. Leur manger est tel qu’il semble que celui des Saints Pères au désert n’a point été plus étroit, ni moins délicieux, ni moins somptueux. Leur vêtement est communément d’être nus, les parties honteuses seulement couvertes. [...] Ils ont l’entendement très net et vif étant dociles et capables de toute bonne doctrine, très propres à recevoir notre sainte foi catholique et à être enseignés en bonnes et vertueuses mœurs. [...] Certes, ces gens seraient les plus heureux du monde si seulement ils connaissaient Dieu. »

 

Les Indiens sont donc présentés comme des êtres pacifiques, paisibles, voire assez faibles ou passifs en comparaison avec les Européens. Leurs guerres sont « comme des jeux d’enfants » et ils ne peuvent résister à l’armement, la fourberie et à la cruauté des Espagnols.

 

Ils accueillent les Espagnols « comme des frères » et ceux-ci en profitent pour les asservir et détruire leurs cultures (culture de subsistance et culture de connaissance).

 

Il ajoute que certains rois et seigneurs du Nouveau Monde sont « très obéissants et vertueux, naturellement pacifiques et affectionnés à la dévotion des rois de Castille ». Cette idée des Indiens naturellement vassaux et sujets des rois d’Espagne, sans qu’il y ait besoin de les contraindre par la force, reviendra souvent.

 

Les différentes provinces sont présentées comme des paysages paradisiaques, un nouvel Eden où il faisait bon vivre avant l’arrivée des Espagnols.

Las Casas, protecteur des Indiens

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